« Il ne suffisait pas qu’il me harcèle, il fallait encore qu’il m’accuse. Et que je me défende. Voilà la logique perverse : inverser les rôles, semer le doute, et m’obliger à prouver que je ne suis pas celle qu’il décrit. » Sabria A., psychologue clinicienne.
Si ces mots vous parlent, c’est sans doute que vous avez déjà ressenti ce basculement où plus rien ne semble clair. Ce que vous vivez mérite d’être compris.
Cet article vous propose une immersion dans le monde du pervers narcissique. Il vous invite à suivre, pas à pas, les mécanismes de l’emprise. Non pas vus d’en haut, mais vécus de l’intérieur. Pour comprendre. Pour nommer. Et pour je l’espère, commencer à vous retrouver.
✩ Introduction : Le miroir brisé
Dans la série Stranger Things, il existe un monde parallèle appelé « le Monde à l’envers » : une réalité sombre, froide, où tout ce que l’on connaît semble déformé, inversé. Ceux qui s’y perdent ne savent plus comment revenir.
Psychologue mais aussi cinéphile, cette métaphore m’a paru particulièrement juste pour décrire les rouages de l’emprise narcissique : un univers inversé, où les repères sont brouillés, et où l’on finit par douter de tout, même de soi.
C’est exactement ce que vit une personne sous emprise : un glissement insidieux dans une réalité où l’on ne comprend plus ce qui se passe, où l’on se sent coupable, impuissant, épuisé…
✩ Le glissement progressif
Tout commence bien. Trop bien. Et souvent, tout commence vite! trop vite! Il ou elle vous valorise, vous flatte, vous séduit. Vous vous sentez enfin compris·e. Spécial·e. Mais très vite, les premières critiques arrivent, la plupart du temps déguisées en conseils faussement bienveillant. Un reproche glissé dans une caresse Une suggestion sur ses compétences professionnelles.. Un doute sur ce que vous avez dit, sur ce que vous êtes.
Puis vous commencez à vous ajuster, pour continuer à lui plaire ou ne pas le froisser. Un mot en moins. Un silence de plus. Et sans même vous en rendre compte, vous vous effacez.
Le pervers narcissique ne vous détruit pas frontalement. Il vous grignote et déconstruit pas à pas tout ce qui vous caractérise, vos bases, vos fondations. Il fait de vous le personnage secondaire de votre propre vie. Il retourne la lumière vers lui, et vous laisse dans l’ombre.
Si vous vous demandez souvent : « Est-ce que je réagis trop ? Est-ce que j’exagère ? Est-ce que c’est moi le problème ? », vous n’êtes pas fou·lle. Vous êtes juste piégée dans le monde à l’envers.
✩ L’inversion des rôles
Un jour, vous réalisez que vous passez plus de temps à vous justifier qu’à vivre. Il ou elle vous accuse de tout ce qu’il fait : mentir, manipuler, agresser, escroquer.
Vous avez mal ? Il dit que vous êtes trop sensible.Vous dénoncez une injustice ? Il dit que vous êtes folle.Vous vous mettez en colère ? Il dit que vous êtes violente. Le comble de l’ironie? Il vous traite de Pervers narcissique !
C’est le renversement parfait. Le miroir déformant. Vous devenez le problème, et lui, la victime.
Le plus déroutant, c’est que les autres peuvent y croire. Non pas parce qu’il a raison… mais parce qu’il est convaincant. Séducteur. Charismatique. Pendant que vous, vous êtes à bout de forces.
✩ L’autre n’existe pas —
C’est sans doute l’aspect le plus cruel : vous n’existez pas pour lui. Pas vraiment. Vous êtes un rôle. Une fonction. Un miroir. Le pervers narcissique ne vous voit pas comme une personne. Il ne vous reconnaît pas dans ce que vous êtes ni dans ce que vous ressentez. Vous n’êtes, pour lui, qu’un outil. Un moyen d’arriver à ses fins. Tant que vous servez, il vous garde. Le jour où vous pensez par vous-même, il vous efface.
Dans son monde, il n’y a pas de place pour le lien. Seulement pour le contrôle. Il ne cherche pas l’échange, il cherche la prise, celle qui va lui permettre de vous contrôler. Et dès que vous vous exprimez ou que vous vous affirmez, il vous perçoit comme une menace.
Ce fonctionnement ne se limite pas aux relations de couple et il est inutile de rappeler qu’il touche autant les hommes que les femmes. Vous pouvez le croiser au travail, dans une association, ou même dans une relation professionnelle. Il peut se cacher derrière un masque de bienveillance, de compétence, de perfection. Il se montre charmant, serviable, idéal… jusqu’à ce qu’il prenne tout : votre place, votre énergie, et parfois même votre parole.
Ne vous y trompez pas : il ne cherche pas à partager, il cherche à posséder. Et ce qu’il ne parvient pas à contrôler , il le détruit.
Reconnaître cela, c’est déjà commencer à s’en libérer.
✩ Comment en sortir ?
Sortir de l’emprise d’un pervers narcissique n’est jamais simple. Il ne suffit pas de partir physiquement : il faut aussi s’extraire psychiquement de ce monde à l’envers, retrouver ses repères internes, reconstruire une réalité où l’on a de nouveau le droit de penser, de ressentir, de désirer.
La première étape est souvent la prise de conscience. Comprendre que ce que l’on vit n’est pas « normal », que ce n’est pas vous qui déraillez.
Puis vient la mise à distance : poser des limites, se protéger, parfois couper le lien. Cela peut demander du courage, du soutien, du temps. Mais c’est un passage nécessaire pour commencer à respirer de nouveau.
Et là, soyons clairs : FUYEZ. Ce n’est pas à vous de réparer. Ce n’est pas à vous de comprendre. Ce n’est pas à vous de sauver cette personne. Le pervers narcissique a construit un monstre à son image. Et ce monstre ne veut pas être soigné. Il veut que vous restiez.
P-C Racamier, psychiatre et psychanalyste, l’a formulé avec une précision glaçante :
« Tuez-le, il s’en fout. Humiliez-le, il en crève. »
Cela veut dire que le pervers narcissique ne souffre pas d’être maltraité. Il souffre d’être démasqué. Ce qui le détruit, ce n’est pas votre colère, c’est votre indifférence.
La reconstruction passe par de petits actes quotidiens : se réapproprier ses pensées, ses choix, son corps, ses émotions. La parole, notamment dans un cadre sécurisé comme celui d’une thérapie, peut être un levier décisif.
En conclusion
Le monde à l’envers du pervers narcissique est réel. Pas celui qu’on voit dans les films. Celui que l’on vit dans sa chair, dans son esprit, dans son quotidien. Mais ce monde n’est pas une fatalité.
Ce qui paraît flou aujourd’hui peut retrouver des contours. Ce qui semble brisé peut être reconstruit. Et même au sein des pires confusions, il reste toujours une part de vous qui sait. Une part de vous qui résiste. Une part qui attend qu’on vienne la chercher.
Et surtout, rappelez-vous que ça peut arriver à tout le monde. À des personnes brillantes, fortes, empathiques, éduquées. Être tombé·e dans cette emprise ne dit rien de votre valeur. Ce n’est pas une faiblesse d’avoir été pris·e au piège — c’est une force de chercher à en sortir.
Vous méritez de vivre dans un monde où vous êtes reconnu·e, respecté·e, aimé·e sans condition. Ce monde existe. Et il commence en vous.
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