En tant que psychologue clinicienne et psychothréapeute, je fais le choix de ne pas adhérer au dispositif MonSoutienPsy mis en place par l’Assurance Maladie. Cette décision est motivée par plusieurs raisons éthiques, cliniques et humaines que je souhaite expliquer ici, de façon simple et transparente. 

Dans cet article, vous trouverez les 6 raisons principales qui motivent mon refus: 

1. Parce que l’on ne soigne pas la souffrance psychique comme un rhume ; 

Même si la prescription médicale a été supprimée, le dispositif reste très encadré et limité : seulement 12 séances, dans un cadre standardisé. Cela donne l’illusion qu’on peut traiter un mal-être profond en quelques rendez-vous, comme s’il s’agissait d’un simple rhume.

Cela revient à considérer la souffrance psychique comme un simple symptôme à faire disparaître, comme une grippe ou une douleur passagère. Or, le mal-être psychologique demande souvent du temps, de l’écoute, et un accompagnement en profondeur.

De plus, ce dispositif participe à une tendance inquiétante : la médicalisation de la psychologie. Or, la psychologie n’est pas une sous-branche de la médecine : c’est une science à part entière, avec ses propres fondements, sa richesse théorique et ses méthodes. Les psychologues sont formés à l’université, avec des diplômes reconnus d’État, non pas pour appliquer des recettes toutes faites, mais pour accueillir l’humain dans sa singularité, sa subjectivité et son infinie complexité. C’est cette liberté de pensée et d’écoute que je défends.

2. Un soin transformé en consommation rapide

MonSoutienPsy repose sur des tarifs imposés, des protocoles figés et une logique de « soutien » court-termiste. Cela revient à « consommer » des séances, plutôt qu’à s’engager dans une vraie démarche de soin.

Le risque à long terme ? Que les psys, comme malheureusement certains professionnels du médical, finissent par enchaîner les patients à la va-vite, sans pouvoir proposer un vrai suivi de qualité.

Ce n’est PAS ma conception du soin psychologique. Je crois en une relation fondée sur la confiance, la continuité, l’individualisation, et non sur des standards imposés et peu adaptés à la réalité du terrain.

Ainsi, la thérapie, ce n’est pas juste « parler pour aller mieux ». C’est un travail en profondeur qui demande du temps, de l’engagement, et un cadre sécurisant. 

3.Parce que les psychologues méritent d’exercer dans des conditions dignes : 

Avec MonSoutienPsy, tout est imposé : les tarifs, les règles, et même le type de patients. Cela limite notre liberté et notre capacité à proposer un accompagnement adapté.

Autrement dit, c’est accepter une forme de dévalorisation de notre métier, avec des tarifs qui ne couvrent pas les frais d’une pratique sérieuse et respectueuse du patient  (supervision, analyse personnelle, formation continue, loyer, assurance…).  Ce qui, soyons réaliste, n’est pas durable, ni pour nous, ni pour les patients.

Jusqu’à ce jour, de nombreuses mutuelles prenaient en charge une partie du coût des séances de psychologie en libéral, permettant aux patients d’accéder à un accompagnement de qualité, avec le praticien de leur choix. Le dispositif MonSoutienPsy, en prétendant se substituer à cela, risque d’affaiblir ces aides mutualistes, sans pour autant garantir un véritable accès aux soins pour tous.

4. Un dispositif injuste et mal ciblé : 

Contrairement à ce que l’on peut croire, tout le monde n’a pas accès à MonSoutienPsy. Les patients les plus en difficulté ou en grande souffrance sont exclus ou réorientés vers les CMP, déjà saturés. 

Parmi les critères d’exclusion, on retrouve : 

  • Les enfants de moins de 3 ans;
  • les personnes avec des troubles graves : risques suicidaires, troubles du comportement alimentaire sévères, addictions, troubles du neurodéveloppement,
  • les personnes déjà suivies en psychiatrie ou en ALD pour motif psychiatrique,
  • celles ayant un arrêt maladie prolongé ou une invalidité liée à un trouble psychique.

Le dispositif crée une fausse impression d’accessibilité, alors qu’il exclut une grande partie de celles et ceux qui en auraient vraiment besoin. 

👉 Le comble de l’ironie ? Ce système censé aider les plus fragiles finit par les laisser de côté. Et s’il continue comme ça, il risque aussi de fragiliser les services publics gratuits (comme les centres médico-psychologiques), qui sont parfois leur seul recours.

 5. Parce qu’il existe déjà des lieux gratuits pour ceux qui en ont besoin : 

Contrairement à ce qu’on pense, les personnes précaires peuvent déjà avoir accès à des soins gratuits, dans des lieux publics comme les CMP (Centres Médico-Psychologiques), les hôpitaux ou certaines associations.

Dans ces lieux, on peut rencontrer une équipe complète (psy, psychiatre, infirmier, assistant social…) qui prend le temps d’accompagner vraiment les patients. C’est ce type de structure qu’il faudrait renforcer, plutôt que de créer un système bancal à côté.

6.  MonSoutienPsy : un dispositif qui participe à la destruction du service public : 

Plutôt que d’améliorer les structures existantes, MonSoutienPsy déplace les soins vers le libéral, sans y mettre les moyens. Cela fragilise encore plus les CMP et les hôpitaux, alors que les listes d’attente y sont déjà interminables.

L’argent investi dans ce dispositif pourrait servir à renforcer les équipes publiques, à réduire les délais et à améliorer l’accès aux soins pour tous, sans distinction.

En conclusion : je choisis une psychologie qui soigne en profondeur

Je ne participe pas à MonSoutienPsy car je veux exercer un métier qui a du sens :

  • prendre le temps d’écouter, pas de faire du chiffre
  • proposer un accompagnement respectueux du rythme de chacun
  • soigner l’Humain, pas appliquer un protocole pré-établi et non adapté à tous. 
  • Ne pas participer à la destruction des services publics

J’espère qu’un jour, les séances seront entièrement remboursées pour tous, sans brader la qualité du suivi. En attendant, je choisis de défendre une psychologie qui soigne vraiment, en profondeur, et dans le respect de chaque personne.

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